Un blog créé à l'occasion de la sortie de mon livre Banlieues, insurrection ou ras le bol, pour discuter de ce qui s'est passé en novembre 2005

31 mai 2006

Etrange France

Je lis un roman policier, plutôt bon, d'un auteur (une auteur, devrais-je dire) irsraélien, Batya Gour (son titre pour ceux que cela intéresserait : Meurtre sur la route de Bethléem, dans la collection Folio policier). Un des personnages est un juif marocain. Deux autres personnages parlent de lui, je cite : "C'est une ancienne maison arabe à laquelle on a ajouté deux étages, ce qui l'a complètement défigurée. Elle appartient à un Français. Enfin… Français comme moi je suis français. Il vient du sud de la France, pour reprendre la formule consacrée, c'est-à-dire du Maroc…" C'est tellement plus agréable de lire cela que d'entendre les xénophobes pester contre les étrangers!

16 mai 2006

Un sondage, un fait divers…

La presse, la radio ne parlent ce matin que du braquage d'un conseil municipal par deux olibrius qui voulaient obtenir des billets pour le match de ce soir. S'ils n'avaient menacé les malheureux élus avec des pistolets, on en sourirait.
Mais il y a dans le Parisien, ce matin, une autre information qui aurait également mérité de faire la une (elle l'a fait d'ailleurs dans le Parisien) : selon une étude CSA réalisée dans le Val d'Oise :
- 78% des personnes interrogées pensent que les discriminations sont un problème dans le département,
- 69% que la diversité de la population est une bonne chose dans la vie quotidienne,
- 65% pensent que les étrangers peuvent s'intégrer facilement.
Ce sondage le confirment : ce sont ceux qui vivent en bordure des quartiers à forte proportion d'immigrés qui voient la vie en noir et votent Front National. Ceux qui vivent dans les quartiers ont une vision plus cool, plus réaliste, plus raisonnable et plus encourageante des choses. Rassurant!

En France, tout finit en chansons…

En écoutant le CD de C7H16, j'ai pensé à cette formule "en France, tout finit en chansons". Elle m'a paru, un instant, bien adaptée à la situation des banlieues.
Lorsque l'on dit que tout finit en chanson, on veut en général dire que l'on ne prend rien au sérieux. Mais, ce n'est pas en ce sens que je l'entends ici. Finit en chansons ce qui ne trouve pas d'issue politique, ce qui ne fait pas l'objet d'un consensus de la société sur un diagnostic. La chanson est une manière :
- de garder la mémoire des événements,
- de partager les émotions des acteurs sans cependant participer directement aux événements (le ton, le style colérique de ces textes, de ces chansons est une manière de rejouer la révolte sans que cela porte à conséquences, ce ne sont que des mots),
- de porter témoignage des situations ou événements qui ont conduit à ces émeutes.
La chanson est une manière pour l'intelligence collective, pour le peuple de construire son histoire à défaut d'autres moyens. C'est pour cela qu'elle est importante

Une revue, un disque

J'ai recu hier une revue avec un disque, G la rage, réalisé par des jeunes des banlieues qui tentent d'exprimer, de mettre en mots et en musique les émeutes de novembre. Cela décoiffe, surprend, met parfois mal à l'aise, inquiète et séduit (il y a une belle formule : "ce qu'ils appellent la France d'en bas, je l'appelle souffrance").
Le plus surprenant est sans doute qu'ils ne tentent aucune analyse politique, qu'ils mettent tout cela en mots et musique, un peu comme on mettait autrefois en chansons les révoltes, comme les noirs américains ont mêlé révolte culturelle et révoltes dans la rue.
Tout est disponible sur internet à l'adresse ci-dessous. Il faut y aller, lire et écouter.
C7H16 G la rage et je la garde

12 mai 2006

Google, les émeutes, le CPE

Google vient de mettre à disposition des internautes un outil (Googletrend) qui permet de suivre les interrogations. Cet outil ne donne pas de chiffres, mais il indique des tendances, ce qui n'est pas rien.
Il donne également des informations sur les langues utilisées et sur les régions et villes qui ont le plus posé de questions avec tel ou tel mot.
J'ai fait une recherche sur "mai 1968" qui est assez éclairante. Elle montre que le CPE rappelait plus 1968 aux internautes que les émeutes de novembre. Ce qui n'est pas très surprenant. D'un coté des étudiants, de l'autre des exclus du système scolaire. Mais elle donne également un classement des villes qui ont le plus interrogé à partir de ces deux mots. Or, la première sur la liste est… Aubervilliers. Ce qui étonne. Faut-il comprendre que les gens d'Aubervilliers, plus proches des émeutes et des émeutiers que le reste des internautes, ont plus volontiers fait le rapprochement? Les statistiques de Google ne permettent pas d'approfondir. Derrière viennent des villes universitaires, ce qui est plus classique. On remarquera, cependant, que Paris n'arrive qu'en dixième position. Ce qui surprend.