On connaissait les déclarations de Nicolas Sarkozy sur le karcher qui avaient fortement contribué à exapérer les cités à la veille des émeutes au point qu'on a pu en voir un facteurs déclenchants. Voilà qu'il recommence devant les militants UMP dans la même veine populiste avec des phrases à l'emporte-pièce qui ne peuvent qu'exaspérer les plus calmes : "S'il y en a que cela gêne d'être en France, qu'ils ne se gênent pas pour quitter un pays qu'ils n'aiment pas (…). On ne peut pas demander à un pays de changer ses lois, ses habitudes, ses coutumes tout simplement parce qu'elles ne plaisent pas à une infime minorité." Ou encore : "On en a plus qu'assez d'avoir le sentiment d'être obligé de s'excuser d'être français."
Comme on ne peut le coupçonner de vouloir mettre le feu aux poudres (après tout il est toujours ministre de l'intérieur et serait en première ligne en cas de trouble, ce qui est toujours dangereux), on ne peut que s'interroger sur leur sens et leur opportunité dans le contexte, quelques mois seulement après le soulévement des banlieues et la révolte des jeunes contre le CPE.
Veut-il reprendre la main, redevenir cet homme de fer qu'il aimerait être aux yeux des électeurs de droite après l'épisode CPE qui l'a montré plus conciliant que le Premier Ministre, comme l'expliquent les journalistes?
Veut-il, comme il le dit, aller chercher les électeurs du Front National l'un après l'autre?
L'un et l'autre, sans doute. Mais à remettre ainsi une nouvelle fois dans l'actualité les questions d'immigration ne voit-il donc pas qu'il prend un triple risque :
- celui, d'abord, de remettre au centre du jeu l'extrême-droite dont c'est le seul cheval de bataille? et qui mieux que Le Pen peut défendre cette thématique? qui est le plus légitime dans cette veine populiste ;
- celui d'éloigner les électeurs modérés qui avaient apprécié son attitude pendant la bataille du CPE (je pense aux électeurs de l'UDF) ;
- celui, enfin, d'exaspérer les enfants de cette immigration qui savent trop combien ils sont les premières victimes de toutes ces déclarations à l'emporte-pièce sur la nationalité (c'est à ceux que d'adresse en priorité ces "aime la France ou quitte là" de l'extrême-droite dont s'inspire) et, avec eux, cette "bourgeoisie" issue de l'immigration qui sait combien ces discours contre l'immigration renforcent les discriminations.
Nicolas Sarkozy est, sans doute, victime de sa stratégie de la segmentation de la population en communautés. Il a un discours pour les millitants de l'UMP, un autre pour les juifs, un troisième pour les musulmans… C'est une stratégie qui a réussi aux Etats-Unis à de nombreux candidats. En France, elle risque d'avoir d'autres conséquences.
Un blog créé à l'occasion de la sortie de mon livre Banlieues, insurrection ou ras le bol, pour discuter de ce qui s'est passé en novembre 2005
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