Un blog créé à l'occasion de la sortie de mon livre Banlieues, insurrection ou ras le bol, pour discuter de ce qui s'est passé en novembre 2005

01 février 2006

Ce qui ne va pas : l'étrange langueur de nos institutions

Le Parisien poursuit sa série sur les banlieues. Une même impression ressort de tous ces reportages, impression qui conforte ce que l'on voit sur le terrain. Si les maires se mobilisent dans la mesure de leurs moyens (qui pour trouver des locaux pour une entreprise dont les bâtiments ont brûlé, qui pour reloger une école dévastée…), les institutions nationales restent étrangement absentes.
Question : pourquoi la RATP, le ministère de l'intérieur (et quelques autres) ne se mobilisent-ils pas plus pour les banlieues alors même que chacun sait ce qu'elles pourraient faire : créer des commissariats de police là où ils n'existent pas comme à Clichy sous bois, créer de nouvelles lignes d'autobus pour désenclaver les quartiers isolés, proposer des stages aux jeunes de cesquartiers (pas besoin pour cela d'une loi sur la discrimination positive, juste un peu de volonté d'une DRH suffirait)?
Réponse : aucune de ces institutions ne se sent responsable. Ce n'est jamais de leur faute, celle de l'autre, des autres (des maires de gauche, comme disait encore l'autre jour l'ineffable Jean-François Coppé). Ce n'est jamais leur responsabilité, mais toujours celle de quelqu'un d'autre, de l'Etat, des politiques, des entreprises…
En fait, toutes ces institutions sont malades de leur manque d'esprit d'initiative. Elles ne se sentent pas concernées et elles continuent leur train train jusqu'à la prochaine explosion. Il est vrai que tout les pousse à cela :
- les erreurs d'analyse des politiques qui ne les sollicitent pas (et pourquoi le feraient-ils s'ils pensent que les émeutiers sont des voyous. Si ce sont vraiment des voyous, pas besoin de changer quoi que ce soit à ce qui existe, il suffit de les mettre en prison),
- l'inertie de grandes organisations plus occupées à entretenir leur confort, celui des salariés mais aussi, et surtout, celui des directions, du management) qu'à chercher comment mieux assurer leurs missions de service public,
- leur organisation qui ne met personne ne situation de porter, en interne, ces problèmes.
La crise des banlieues met une nouvelle fois en évidence l'étrange langueur de nos institutions. On parle souvent du mal français. C'est aussi cela.

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